Interview de Hreidmarr par French Connection Webzine - 19 Mai 2000

1. Cet album est une étape importante dans votre carrière. Pensez-vous qu'il déterminera plus ou moins fort la suite de votre carrière ?
Hreidmarr : Oui, c'est vrai que DrudenhauS est un album charnière pour le groupe. Le EP Sodomizing the Archedangel était en quelque sorte une amorce de notre nouvelle orientation musicale, et cet album en est l'aboutissement. Il représente l'essence profonde d'Anorexia Nervosa. Ce qui ne veut pas dire que nous nous arrêterons là, bien au contraire, car le prochain album devrait être encore plus orchestral, noir et violent… Mais les réactions des fans ont été vraiment très bonnes, et je pense que DrudenhauS fera effectivement figure de nouveau départ pour le groupe, et j'espère qu'il deviendra vite un album culte !

2. Votre musique nécessite une concentration de tous les instants, ce qui s'avère plutôt différent de la plupart des groupes dans votre style. Est-ce un pari, ou une façon audacieuse de vous démarquer ?
Je ne pense pas vraiment que DrudenhauS nécessite une " concentration de tous les instants "… A vrai dire, nous l'avons conçu pour qu'il puisse être écouté de plusieurs manières différentes… C'est vrai que l'auditeur attentif découvrira de nouvelles choses à chaque écoute, et de ce fait, on pourrait effectivement parler de complexité… Mais d'un autre côté, il y a aussi sur cet album un côté très Hard-Rock traditionnel, avec des structures simples, des couplets entraînants, des refrains accrocheurs, etc. Et je pense que l'on peut donc aussi bien écouter DrudenhauS en voiture, ou en soirée, en buvant des bières et en headbangant frénétiquement, ah ah ah! Et c'est en cela que nous sommes différents, je pense… Nous ne sommes définitivement pas un groupe de Black-Metal, seulement un groupe de Hard, violent et décadent… Mais nous n'essayons pas de nous démarquer à tout prix, jouer cette musique est naturel pour nous. Si nous nous détachons de la masse, ce n'est pas parce que nous sommes meilleurs ou je ne sais quoi… C'est juste parce que nous essayons de faire de la musique avec sincérité et professionnalisme, et que les autres groupes ne sont pour la plupart que des ratés sans talent, qui se plagient entre eux.

3. Vous soignez votre apparence en apparaissant grimés. Pourquoi ce choix du maquillage ?
Parce que je me vois mal débarquer sur scène en jean et t-shirt ! ! ! C'est une forme de respect du public. Il est important qu'un groupe de Metal ait une image forte. Bien entendu, la musique passe au premier plan, mais j'ai toujours trouvé cela dommage lorsqu'un groupe jouait de la bonne musique, mais à côté de ça, ne ressemblait à rien… Pour moi, il manquait toujours quelque chose si l'image ne suivait pas. C'est quelque chose de spécifique au Metal, et au Gothique aussi, les deux courants dont nous sommes issus. J'ai personnellement été très marqué par des groupes de Hard-Glam des années 80, tels Mötley Crüe, Wasp, Les New York Dolls, ceci expliquant cela… Et puis, notre look est en totale adéquation avec notre concept de Grandeur et de Décadence. Nous sommes des esthètes.

4. Quel est le public type du groupe ? A quoi reconnaît-on un fan d'Anorexia Nervosa ?
Je ne sais pas si nous avons un public type… Pas mal de fans de Black-Metal accrochent à ce que l'on fait, quels adeptes de Gothique aussi. Dans l'ensemble, je crois que nous plaisons avant tout à des gens sensibles, intelligents, et un tant soit peu cultivés, qui se reconnaissent dans notre façon de voir les choses… Le fan moyen d'Anorexia serait donc un Romantique passionné, exalté, beau et tourmenté, exilé dans la décadence et le Rock n'Roll, pour oublier cette misérable vie qu'il a un jour essayé d'aimer. Le fan d'Anorexia vénère aussi l'ANNO, et met tous ses espoirs dans la certitude qu'un jour ce qui a été dit s'accomplira.

5. Pour composer cet album, quel est le matériel utilisé (instruments mais aussi studio) et quels types de difficultés rencontrez-vous parfois pour mettre en place les morceaux ?
Les principales difficultés que nous rencontrons généralement sont liées en studio au mixage. Pour l'album, nous avions 48 pistes à gérer, sans compter les orchestrations. C'est toujours très dur dans ces conditions de trouver un bon équilibre… L'autre principale difficulté est d'arriver à restituer live toute la richesse et la complexité des parties orchestrales que l'on peut trouver sur l'album, sans utiliser de séquences ou de bandes préenregistrées… Neb, notre claviériste, tient à ne pas tricher, et à vraiment jouer ses parties, contrairement à la plupart des claviéristes de Metal. Il est donc obligé de déployer des trésors d'ingéniosité pour parvenir seul à quelque chose se rapprochant le plus possible des quelque 20 pistes de claviers présentes sur l'album. Pour ce qui est du matériel : guitares BC Rich (Warlock) et Vigier (Marilyn), basses Washburn et Ibanez, micro de chant Neuman, amplis guitares Mesa Boogie et Peavey 5150, amplis basse Ampeg, kit de batterie Mapex, piano Erard, console numérique Mackie, et pour le reste, désolé, mais on tient à garder quelques petits " secrets de fabrication "…

6. On sent dans la musique du groupe une approche " symphonique ", ou en tout cas liée à la musique classique. En quoi celle-ci influence t'elle votre méthode de composition ?
Disons que nous écoutons tous énormément de classique, et surtout Stefan, qui est le principal compositeur du groupe. Cela influence naturellement notre manière d'aborder les choses, notamment au niveau de certaines structures, ou encore au niveau des harmonies, pour lesquelles nous essayons généralement de nous rapprocher de certaines " écoles " classiques. Mais comme je l'ai déjà dit, nous sommes avant tout un groupe de Metal, et nos influences classiques nous servent uniquement à repousser les limites du Metal, à le rendre plus grandiose, mystique et sacré… Nous recherchons le frisson Wagnérien.

7. Un dernier mot ?
Merci pour cette interview fort intéressante. Nous serons en tournée à la rentrée avec Immortal, Impaled Nazarene, Ritual Carnage & The Crown, et cette fois on sera là pour vous botter le cul ! Cum to me children of hate & frustration ! ! !

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