Les Prémices

Comment commencer un historique sur W.A.S.P. sinon en présentant son leader, le seul et unique Blackie Lawless. Steve Duren (de son vrai nom) est né le 4 septembre 1956 à Staten Island (New York). Son père travaillait dans une fête foraine, et Steve allait l’aider pendant les vacances. Traînant dans les rues de New York, il participe à ses premiers combats de rue dès l’âge de 13 ans (il en gardera d’ailleurs un poing presque paralysé).

Toutefois, par chance, il eut le déclic de la musique en entendant pour la première fois Elvis Presley à 5 ans. Il décidera donc d’être musicien. Heureusement, car, vu ses fréquentations de l’époque, il serait sans doute mort ou en prison depuis longtemps s’il n’avait pas décidé de tout consacrer à la musique. L’univers carcéral ne lui est d’ailleurs pas étranger, puisqu’il a fait un petit séjour en prison après avoir été viré de l’école militaire où il était placé, à l’âge de 15 ans.

Il formera alors son premier groupe, Black Rabbit, à 16 ans, dont il sera chanteur (sa voix pouvant aller sur 4 octaves) et guitariste. Il prendra alors son surnom, Blackie Lawless. N’ayant besoin que de dormir 4 heures par jours, il va commencer à tourner dans les endroits locaux, pour ensuite rentrer dans l’histoire en côtoyant les New York Dolls.

 

 

Le Mystère New York Dolls

Il est très difficile de savoir exactement quel fut le degré de participation de Blackie au sein de ce groupe mythique. Selon les sources (dont plusieurs interviews de Blackie lui-même), il aurait seulement joué 10 minutes de la guitare avec eux pendant un concert, ou il aurait remplacé Johnny Thunder pendant 1 mois sur leur dernière tournée américaine, ou bien il aurait été leur chanteur-guitariste pendant 6 mois, l’hypothèse la plus probable étant certainement la première.

Ce qui est réel et prouvable, toutefois, est qu’il a été le chanteur et guitariste de Killer Kane Band, groupe qui s’est formé après la séparation des New York Dolls et comprenant leur ancien bassiste Arthur Kane. Le groupe était composé de Blackie au chant et à la guitare, Arthur Kane à la basse, Andy Jay à la guitare, et Jimi Image à la batterie. Ils enregistreront une démo en 1975, qui sera éditée sur l’album Sons of the Dolls (qui reprenait les démos enregistrées par les nouveaux groupes formés par les ex-New York Dolls après leur séparation) en 1982. Cette démo comprenait Mr.Cool (qui deviendra Cries in the Night sur l’album The Last Command, avec simplement un changement des paroles du refrain), Longhaired Woman, et Don’t need you (dont Blind in Texas reprendra l’intro), tous écrits par Blackie (qui apparaît d’ailleurs sous le nom de Blackie Goozeman sur la pochette pour des questions de droits). Après l’expérience des New York Dolls, Blackie se fera graver une plaque sur laquelle est écrit : « Si tu abandonnes maintenant, tu seras comme eux - RIEN ». Ceci pour lui donner le courage de continuer, même dans les moments les plus durs.

 

L’avant W.A.S.P.

Après Killer Kane, Blackie entrera dans London, et se liera d’amitié avec Nikki Sixx à qui il apprendra tous les plaisirs de la vie (notamment dans leur studio où ils amenaient un certain nombre de filles à la fois) !

En parlant des connaissances de Blackie, il est à noter qu’il connaît aussi très bien Ace Frehley (de Kiss) avec qui il a failli travailler, et Little Richards.

Mais c’est après London que les rencontres concernant W.A.S.P. vont se faire. En 1977, alors que Blackie feuillette un exemplaire de « Hustler » (l’équivalent de notre Penthouse) et qu’il en est à la rubrique Beaver Hunt (clichés d’amateurs), à la photo réservée aux femmes, il découvre, posant à poil avec la légende « Rock’n Roll Animal », mesurant plus d’lm90 et avec les cheveux jusqu’aux fesses (ou presque), Chris Holmes. Immédiatement, Blackie l’appelle et ils commencent à sympathiser.

Le moins que l’on puisse dire sur Chris Holmes est qu’il est assez spécial ! Déjà, sa mère est une Hell’s Angel, ça prédestine un peu quand même ! Chris serait paraît-il capable d’assommer un crocodile à mains nues ! Ce qui est possible quand on sait que dès 7 ans, il se fait virer de son école pour violence forcenée, et qu’il a passé 4 tables à travers la fenêtre d’une boite de nuit qui refusait d’enlever du Madonna pour passer quelque chose d’Heavy !

Mais la chose la plus visible concernant Chris sont ses 16 tatouages, qu’il se fait faire lorsqu’il est complètement bourré ! Il a eu le premier (le « Grim Reaper » sur sa poitrine) à l’âge de 14 ans, et son nouveau représente un homme conduisant une Harley Davidson, et est tatoué sur son dos pour cacher le nom d’un ancien groupe.

Blackie et Chris vont alors former Sister, et Blackie va changer son surnom pour prendre celui de Blackie Lawless.

 

SISTER

 

Sister va alors jeter les bases de ce que sera W.A.S.P. plus tard, surtout au niveau des prestations live. Certains groupes brûlaient leurs guitares, les membres de Sister s’enflammaient eux-mêmes ! Sister sera d’ailleurs le premier groupe à utiliser le symbole du pentagramme, Blackie étudiant très sérieusement les sciences occultes depuis 1976 (y compris la célébration de messes noires, etc ...). Mais il va abandonner tout cela 3 ans plus tard, considérant que cela n’est pas pour lui.

Après une vie d’un an, Sister se sépare en 1978. Blackie va ensuite fonder Circus Circus en 1979 avec Randy Piper, ex-L.A. Rocks, venant de San Antonio, et qu’il avait rencontré dans un club en 1975. Circus Circus va enregistrer sur démo une chanson, 1980’s Ladies, que l’on retrouve sur un pirate de Kiss, Fancy Fair.

Après quelques années, en 1982, Blackie, ne trouvant pas de bon bassiste, va prendre la basse et rappeler Chris à la guitare. Ce nouveau groupe va alors prendre le nom de W.A.S.P.

W.A.S.P.

La première et la plus courante signification de « W.A.S.P. » est « White Anglo Saxon Protestant », c’est-à-dire Blanc,Anglo-Saxon et Protestant. Cela désignait un courant de pensée raciste qui sévissait aux USA dans les années 60 (il est à noter qu’aux débuts de W.A.S.P., Blackie disait admirer le Klu Klux Klan). L’autre signification de « W.A.S.P. », trouvée (ou plutôt inventée) par le PMRC, est « We Are Sexual Perverts », autrement dit « Nous Sommes des Pervers Sexuels ». Enfin, certains ont vu un rapport entre « W.A.S.P. » et les sciences occultes, mais, aux dires de Blackie, ce ne sont que des conneries (et il sait de quoi il parle). On peut aussi dire, que « wasp » signifie « guêpe » (ce concept sera d’ailleurs repris pour le graphisme de la pochette de Mean Man).

Toujours est-il que, rien que par son nom, W.A.S.P. commence déjà à faire parler de lui.

Après quelques batteurs successifs tels que Sam Man ou Mark Chambers, Blackie, Chris et Randy vont rencontrer Tony Richards qui va devenir leur premier batteur stable.

 

Les Concerts

Le groupe au complet va alors commencer à tourner intensément dans les clubs de Californie, tels que le Troubadour, le Country Club, ou le Perkins Palace, et développer ce qu’ils appelleront un « Vaudeville Electrique », ou un « Psychodrame faisant participer le public ». Leur tout premier concert attirera 33 personnes !

Ils n’avaient pas d’argent, mais il fallait que le show donne l’impression aux spectateurs d’avoir coûté très cher (résultat : ils se retrouveront avec 200 000 francs de dettes début 1984 !). Les shows se déroulent donc dans une orgie de sang et d’effets pyrotechniques, surtout pendant la chanson Tormentor, où Blackie torture une fille à moitié nue à coups de machette ! Cette fille, Christina, était en fait une amie de Blackie. Pendant ces shows, on pouvait également assister à l’écrabouillage de rats vivants dans un mixer (ce n’était toutefois qu’un trucage !), ou recevoir les morceaux de viande crue que Blackie envoyait dans la foule après les avoir découpé à la hache ! Pour finir en beauté, signalons aussi que Blackie avait l’habitude de boire du sang qui coulait d’un crâne ! Mais on ne peut pas parler d’un concert de W.A.S.P. sans parler du look de Blackie et de ses fameuses lames de scie circulaire ! Ces lames, posées sur ses bras et sur son cache-sexe (qui portait la fameuse inscription « I fuck like a beast », c’est-à-dire « je baise comme une bête », et qui soit dit au passage ne cachait pas grand-chose), étaient forgées en véritable métal. Blackie s’est d’ailleurs ouvert le doigt avec lors d’un concert en Finlande, et s’est fait plusieurs blessures aux jambes à cause de ces lames. Il avait été projeté de vendre des répliques des lames et du cache-sexe après les concerts, mais l’idée n’a pas connue de suite.

Quelques petites anecdotes concernant ces concerts :

Au début de chaque show, Blackie devait allumer avec une torche un écriteau sur lequel était écrit W.A.S.P. en lettres de métal. Le problème était que cet écriteau n’était jamais placé à la même hauteur, et, lors d’un concert, comme il était placé trop bas, Blackie s’est enflammé les cheveux en y mettant le feu. Et tous les spectateurs, croyant à un nouvel effet prévu, criaient : « Yeah, brûle, Blackie » !

Lors d’un autre concert au Troubadour, le prix d’entrée était divisé par deux pour tous ceux qui apportaient une pinte de sang à l’entrée !

Lors d’un concert à Helinski (Finlande), alors que Blackie lançait ses morceaux de viande, un spectateur s’est mis à les renvoyer sur le groupe. Tous les autres suivirent et on assista à une bataille rangée de morceaux de viande entre le groupe et les spectateurs !

A la fin d’un concert, juste avant le rappel pour Animal, Chris a été à moitié assommé par un morceau de viande envoyé par un spectateur, et, après avoir été réveillé par son roadie, a joué Animal complètement faux

Le groupe a été interdit de séjour pendant 2 ans en Suède à cause de leur show.

Un jour, alors qu’ils savaient que le NOW (National Organisation of Woman, l’équivalent de notre MLF) allait manifester contre eux, ils apparurent au concert avec le fond de leurs pantalons découpé ! Ils garderont d’ailleurs cette « tenue » par la suite.

 

Premières Démos

Parallèlement à ces concerts, ils vont enregistrer une série de démos, reprenant les titres qu’ils jouaient live. La première sera réalisée en 1982 (l’année de formation de W.A.S.P.) et comprend les titres Show No Mercy, I Wanna Be Somebody, The Torture Never Stops, et Tormentor.

La deuxième est faite en 1983 et contient School Daze, Hellion, On Your Knees et B.A.D.

La troisième et dernière est réalisée en 1983 (alors qu’ils commencent à être très connus) et comprend Sleeping In The Fire et Animal (Fuck Like A Beast). Blackie a eu l’idée de cette dernière chanson en voyant deux lions en train de « se reproduire » sur la couverture du « National Geographic Magazine », et pour trouver les paroles, il dit avoir passé une vidéo à l’envers et fait des rimes à partir de cela !

 

Rod Smalwood

C’est alors que Rod Smallwood (manager d’Iron Maiden) va commencer sérieusement à s’intéresser à W.A.S.P. La première rencontre entre Blackie et Rod Smallwood se produit au Rainbow Bar & Grill (un bar de Los Angeles très fréquenté par les groupes de Heavy-Metal). Rod demande à Blackie de s’asseoir et commence immédiatement à le critiquer sur les concerts, la promotion, etc... Très bonne première impression ! Trois mois plus tard, Ross Halfin (photographe de Kerrang !) vient à la préparation d’un concert et amène Rod avec lui, qui recommence à tout critiquer ! Enfin, deux jours plus tard, Blackie rencontre encore Rod au Rainbow Bar & Grill, qui le tire par le bras et recommence immédiatement à le critiquer sur tout ! Blackie lui dit alors d’aller se faire foutre, qu’il fait tout tout seul, et qu’il n’a besoin de personne pour l’aider. Mais alors qu’ils discutent Blackie réalise que Rod a des projets très sérieux pour le groupe.

En Mars 1984, W.A.S.P. signe avec Capitol.

C’est alors que les magazines vont commencer à s’intéresser à W.A.S.P., surtout Kerrang ! , dans lequel Blackie dira que « le rock’n roll doit être simple, transpirant et odorant », dans le numéro 65 qui a été censuré à cause de sa couverture (Blackie tenant un crâne plein de sang).

A propos de censure, on peut noter que l’on voyait très rarement des images du cache-sexe de Blackie à ce moment, et quand on le voyait, le « I fuck like a beast » était recouvert en noir (regardez le Kerrang ! #65 p.19).

 

Premier Single, premier Album

Le premier single sorti (avant l’album) est (devinez quoi ? ... oui !) Animal (I Fuck Like A Beast). En fait, il sort en Europe, car aux Etats-Unis, c’est School Daze qui sera la première chanson tirée de l’album, Animal étant le second single.

Et ce single sortira d’ailleurs sur Music For Nations en Europe et Restless Rec. aux USA, car Capitol ne veut pas le sortir à cause de ses paroles.

La pochette du 45t était toute noire, avec le titre « Animal (I ... Like A Beast) » (pour ceux qui peuvent se demander quel peut bien être le mot manquant !), et le sticker « Attention : Paroles très explicites ». Mais le Maxi et le Picture-Disc montraient une photo du cache-sexe de Blackie ensanglanté (le titre étant alors « Animal (I F... Like A Beast) »).

Malgré tout cela, le single deviendra disque d’or et restera 60 semaines dans le UK Metal Chart.

Et le 17 Août 1984, l’album Winged Assassins sort. Quelques mois après, comme il est épuisé, il ressort sous le titre W.A.S.P.

L’album a été produit par Blackie et Mike Varney, puis reproduit ensuite par Blackie. En 1984, 500 000 exemplaires de W.A.S.P. sont vendus, et le groupe joue dans le film Rage War (sorti en Europe sous le nom Dungeon Master), Tormentor faisant partie de la bande originale du film.

L’album W.A.S.P. reprend les chansons qu’ils jouaient en live et qu’ils avaient enregistrées sur démo, mais sans Animal et Show No Mercy , et avec une nouvelle chanson : L.O.V.E. Machine.

 

Premier Tour, deuxième Album

En Septembre 1984, W.A.S.P. commence son premier « vrai » tour en Angleterre, avec un changement dans le line-up : Tony Richards est remplacé par Steve Riley. D’après Blackie (qui disait avoir tué Tony à l’époque !), le problème avec Tony était qu’il était trop irrégulier : très bon parfois, très mauvais d’autres fois, et il oubliait toujours ce qu’on venait de lui dire il y a 5 minutes. Steve Riley, quand à lui, venait d’un groupe qui s’appelait B’zz, et il a joué avec Steppenwolf pendant 30 mois à la fin des années 70. Avec ce nouveau line-up, W.A.S.P. va commencer à tourner dans le monde entier, et sortir une vidéo tournée au London Lyceum, dont 35 minutes seront censurée en Europe et aux USA (la version complète de la vidéo, d’une durée de 65 minutes, et où l’on voit Blackie torturer la fille à moitié nue et lancer des morceaux de viande sur la foule, n’est disponible qu’au Japon).

En 1985, alors que Tipper Gore crée le PMRC (Parents Musical Ressource Center), des rumeurs disent que ce serait David Glimour (le guitariste de Pink Floyd) qui produirait le nouvel album de W.A.S.P. Mais ces rumeurs se révéleront fausses, puisque cet album sera produit pendant 6 mois par Blackie et Mike Varney, puis reproduit pendant 3 mois par Blackie, avec l’aide de Spencer Proffer et Hanspeter Huber, aux studios de Pasha Music House, à Hollywood. L’album s’appellera The Last Command.

Le premier single à être extrait de cet album est Blind In Texas, qui parle de 3 jours que le groupe a passé avec Iron Maiden durant la dernière tournée, et Jeffrey Hammer, le propriétaire du magasin « Texas Tapes & Records », qui a tout fait pour que les 2 groupes aient un maximum de bon temps. Blackie a écrit cette chanson au Minesota, en pleine tempête de neige. Dans le clip, dirigé par Rick Friedberg, on peut voir les membres de ZZ Top (ce ne sont pas des sosies mais bien eux !), et la petite amie de Blackie à l’époque, Monica (qui est aussi dans le clip de Wild Child).

Pour enregistrer les voix de Wild Child, le deuxième single, Blackie a mis 6 heures, et une semaine pour s’en remettre ! Après ces 2 single, W.A.S.P. commencera son 2ème tour, en étant la première partie de Kiss. Ces shows étaient un peu différents des premiers : fini les tortures et la viande crue (Blackie disait en avoir marre), mais ils étaient toujours extravagants : Il y avait des têtes géantes des membres du groupe qui crachaient du feu (la tête de Blackie figure sur la pochette de Live ... In The Raw), des barbecues géants, ...

Concernant ce moment, on peut noter que le groupe s’est fait tirer dessus à deux reprises : une fois pendant un concert, et une autre pendant une séance de photo à Los Angeles.

Et après les concerts japonais, W.A.S.P. est encore une fois la victime d’un changement de line-up : Randy Piper quitte le groupe pour « divergences musicales ». En fait, on apprendra par la suite que Randy ne jouait pas sur les albums, Blackie et Chris faisaient toutes les parties de guitare ; Randy ne jouait «que» pendant les concerts.

 

Johnny rentre dans le Cirque

Le nouveau line-up est alors : Blackie de retour à la guitare (son instrument original avant W.A.S.P.), Chris aussi à la guitare, Steve à la batterie, et un nouveau venu : Johnny Rod à la basse. Johnny fit son premier concert à 12 ans, et passa professionnel à 16 ans dans un groupe du Missouri. Déjà à l’époque, il était complètement cinglé sur scène ! Après avoir travaillé un peu avec Ken Hensley (de Uriah Heep), il jouera dans King Kobra pendant 2 ans. King Kobra fera une tournée avec W.A.S.P. en 1986, et Chris et Johnny vont commencer à devenir amis. Trois semaines après, suite au départ de Randy, Chris appelle Johnny et lui demande s’il veut venir à une audition. Johnny joue sur Fistfull Of Diamonds, et il est engagé !

En Octobre 86 sort le nouvel album, Inside The Electric Circus. Cet album, produit par Blackie et mixé par Michaël Wagener dans son studio Amigo, contient 12 chansons, y compris 2 reprises qui étaient trop bonnes pour n’être que des faces B, I Don’t Need No Doctor (d’Humble Pie) et Easy Living (d’Uriah Heep).

Il contient aussi la première chanson plus ou moins politique que Blackie ait écrit, I’m Alive. En fait, Blackie a écrit cette chanson après avoir vu un prêtre à la télévision qui le critiquait en brandissant une Bible. Et même si Johnny est crédité comme jouant de la basse sur l’album, il n’a joué que sur I Don’t Need No Doctor et I’m Alive , car Blackie avait déjà fait toutes les parties de basse des autres morceaux quand Johnny arriva.

Pour la pochette de l’album, Blackie voulait poser nu, mais la maison de disque refusa. Ils trouvèrent un compromis : Blackie est nu, mais couvert de maquillage ! En ce qui concerne le son de Inside The Electric Circus, c’est un retour au son du premier album, avec beaucoup de guitare et pas de claviers (au contraire de The Last Command).

Après la sortie de cet album, ils repartent en tournée (il y a donc 2 tournées différentes de W.A.S.P. en 1986), qui peut être décrit comme « Las Vegas rencontre W.A.S.P. » . Blackie portait un cache-sexe qui projetait des flammes de plusieurs mètres de long ! Le design a était fait par celui qui s’était occupé de Dr.Who et s’étendait sur 3 étages. Mais, à cause du PMRC, les shows étaient un peu modérés par rapport aux deux tournées précédentes.

En même temps sort la vidéo de I Don’t Need No Doctor , filmé à l’Hammersmith Odéon, à Londres, par David Mallet quelques heures avant le vrai concert. Ce concert sera d’ailleurs enregistré par la BBC pour une émission de radio. Et ce sera tellement bon que Blackie se dira que le prochain album devrait être un live.

 

DONNINGTON

Mais avant de penser à faire un nouvel album, ils devaient se produire aux Monsters Of Rock 87 à Donnington. Or, en 1987, Blackie commençait à être vraiment fatigué d’entendre partout que W.A.S.P. était devenu « commercial ». Il décida alors que Donnington serait la parfaite occasion de montrer qui ils étaient vraiment, et de crier « Fuck You » à celles que l’on surnomme The Washigton Wives (c’est-à-dire toutes les femmes de députés américains créant leurs comités de censure, et en particulier Tipper Gore, responsable du PMRC). Ils appelèrent ce show le « Donnington Massacre », et ressortirent le grand jeu : leurs pantalons étaient coupés au niveau des fesses, Blackie exécuta sa séance de torture sur une fille à moitié nue et balança de la viande crue au public, une nouvelle machine de torture fut amenée sur scène (la Corpse Grinder), et le concert se termina sous des trombes de sang alors que les membres du groupe détruisaient leurs instruments et les amplis ! Le grand W.A.S.P. était de retour ! Ce fut le moment que choisit Steve Riley pour quitter le groupe et rejoindre L.A. Guns. Il fut remplacé par Glenn Soderling, qui joua à Donnington.

Après ce concert de Donnington, Blackie commença la préparation d’un album live. Les bandes des concerts à Long Beach Arena (Los Angeles) et au California Theatre (San Diego) furent utilisées, et avec plus ou moins d’overdubs (plutôt plus que moins ...) W.A.S.P. sortit son 4ème album : Live ... In The Raw.

Cet album comportait deux chansons inédites, The Manimal et Harder Faster (qui a été joué à Donnington pendant la scène de torture), et un titre enregistré en studio, Scream Until You Like It, qui sera la bande originale du film Ghoulies 2. Au même moment sortit la cassette vidéo Videos ... In The Raw, une compilation de vidéos, d’extraits de concerts et d’interviews.

C’est à cette époque que Tipper Gore publia son livre « Raising PG Kids In A X-Rated Society » (c’est-à-dire « Comment élever les enfants dans une société pornographique »). Dans ce livre, une apologie de la censure, Tipper Gore parle de W.A.S.P. durant 3 chapitres. Les paroles de Animal (F##k like a Beast) ayant été reproduites (et modifiées) sans permission, il fut à l’époque question d’un procès contre elle, mais, les suites de l’affaire ne sont pas connues.

 

Un peu de repos

Après cela, comme tout le groupe était épuisé par le rythme album-tournée-album, ils prirent 15 mois de repos. En 1988, Blackie créa sa propre compagnie de production vidéo, acheta des Jaguar (il adore particulièrement la vieille Type-E) et des chevaux (il en possède deux : un pour monter autour de sa propriété, et un étalon arabe appelé Binth Asada).

Au même moment, une version live de Animal est disponible sous le nom de Live Animal (F##k like a Beast). Blackie, qui n’a eu aucun contrôle sur le choix de la pochette, la taxera de « mauvais mauvais goût », à l’opposé du « bon mauvais goût » qu’il pratique d’habitude. Il est vrai que cette pochette représente un doberman en train de se masturber sur la jambe d’une femme qui hurle comme si elle faisait l’amour !

C’est alors que Blackie va donner l’interview qui changera définitivement l’histoire de W.A.S.P. Dans un numéro de Hit Parader (un magazine américain), il décida de parler de ses vrais sentiments sur le monde, la guerre, et toutes ces choses qui n’ont rien à voir avec le show-business, mettant de côté son image de «Animal-Blackie». Après la parution de cette interview, le magazine reçut des milliers de lettres (il n’en avait jamais reçu autant), toutes clamant leur accord avec ce qu’avait dit Blackie, et s’étonnant qu’il puisse dire des choses aussi intelligentes. Blackie fut sous le choc, car il pensait que les gens n’étaient intéressés que par le fameux « sex, drug and rock’n roll ». En fait, Blackie pensait ce qu’il avait dit depuis longtemps, mais ne s’imaginait pas que cela puisse intéresser qui que ce soit.

A la suite de ces réactions, il décida alors que Live ... In The Raw et le « Donnington Massacre » marqueraient le tournant de la carrière de W.A.S.P. et qu’il s’orienterait ; dorénavant dans une autre direction. Il déclarera plus tard que l’époque « sang et viande » était très amusante et qu’il ne la regrettait pas, mais que tout le monde doit évoluer, et qu’ils ne feraient plus jamais de show comme cela. Ceux intéressés par ces concerts peuvent regarder les vieilles vidéos, mais pour le nouveau W.A.S.P. , tout cela est définitivement fini.

Blackie se mit alors à la préparation d’un nouvel album, plus mature que les autres. Pour ce faire, il avait d’abord besoin d’un nouveau batteur, qui finalement sera Franckie Banali, de Quiet Riot. Dans le nouveau line-up figurera aussi Ken Hensley, de Uriah Heep, en plus bien sûr de Johnny Rod et Chris Holmes. Une fois au complet, ils réaliseront l’un des meilleurs albums de W.A.S.P. : The Headless Children.

 

The Headless Children

L’album Headless Children fut incroyablement long à réaliser. 15 mois furent nécessaires, qui peuvent se décomposer comme suit : 4 mois pour la composition des chansons, 1 mois pour les mettre sur démos, 6 semaines pour les répétitions, 5 mois pour l’enregistrement, et 3 mois pour le mixage. Le coût total s’élèvera à 600 000 $ !

L’album fut enregistré au Baby 0 Studio à Los Angeles en 1989, Blackie le produisant et Michaël Davis étant l’ingénieur du son. Ils utilisèrent un 48 pistes, au lieu de l’habituel 24 pistes, ce qui leur permit d’utiliser de nombreux sons différents. Par exemple, ils utilisèrent un orchestre de cordes complet, et Blackie dit à Chris de faire les choses les plus compliquées possibles avec sa guitare (avant, il lui disait de ne faire que ce qu’il pourrait jouer en live plus tard). Comme résultat, le mix de Thunderhead dura 2 jours, et il y a 18 parties de guitares sur le solo !

 

On peut noter que, sur certaines parties du disque, c’est Blackie qui fait toutes les partitions de guitare ou de basse, Chris ou Johnny n’étant pas là au moment des enregistrements (par exemple, Blackie a fait toutes les guitares sur Forever Free et toute la basse sur The Heretic ). Un avant-goût de Crimson Idol ...

Si les chansons étaient plus compliquées musicalement, elles avaient aussi une signification bien plus profonde que sur les albums précédents : The Headless Children est une chanson anti-nucléaire, Thunderhead est contre la drogue, The Heretic parle des problèmes de gang, et Rebel In The F.D.G. ... et bien, FDG veut dire Fucking Decadent Generation, ce qui est assez clair !

Mais W.A.S.P. sera toujours W.A.S.P. , et donc Mean Man , parlant de Chris Holmes, qui est supposé être un « mean motherfucking man » est là pour montrer que le fun n’est pas oublié.

Cet album subira (encore une fois) un problème à cause de la pochette. En effet, la pochette représente un crâne géant d’où sort une horde de gens sans tête (les « Headless Children »), guidés par les personnes les plus infâmes qui aient existé (comme Adolf Hitler, Charles Manson ....). Mais sur la pochette originale figurait aussi l’Ayatolah Khomeny, et à l’époque il y avait toutes les histoires causées par les « Versets Sataniques » de Salman Rushdie. L’Angleterre et l’Allemagne refusèrent alors de distribuer l’album à moins Khomeny ne disparaisse de la pochette. Blackie fut mis au courant de ce problème au milieu d’une session de photo en Californie. Il en fit part à Chris qui réagit assez... violemment ! (« Fuck them ! Fuck these motherfuckers ! »). Mais finalement, ils seront obligés de recouvrir Khomeny avec un Jésuite sur la pochette de l’album. Mais c’est la pochette originale qui figure sur les T-Shirt Headless Children, avec Khomeny, ainsi que sur les récents Remaster CD !

 

Tour et problèmes

Après la sortie de l’album, le groupe commença une tournée, avec un concept particulier pour le début de la chanson Headless Children : le public voyait un petit film sur les horreurs du nazisme, de la drogue, etc... Il a fallu 8 semaines à Blackie pour monter ces vidéos, qui sont vraiment dérangeantes... La tournée était un véritable succès, avec la plupart des dates sold-out, quand, pendant le tour, Chris se maria avec Lita Ford, ce qui causa de nombreux problèmes avec le groupe.

Comme dira Blackie plus tard, Chris était complètement dominé par Lita Ford, et sa seule préoccupation était de rentrer le plus vite possible pour faire la vaisselle !

Avec tous ces problèmes, Chris quittera le groupe en plein milieu de la tournée américaine, les rendant incapables de continuer. W.A.S.P. avait splitté, le dernier membre original du groupe à part Blackie était parti, W.A.S.P. était fini...

 

La revanche de Blackie

Mais Blackie n’avait pas dit son dernier mot ! Après les événements de 1989, il prit beaucoup de temps pour préparer son come-back. Il se fit construire son propre studio, Fort Apache, et prépara et enregistra tout seul (ou presque) son nouvel album.

Trois ans plus tard, en 1992, sortira l’un des meilleurs album de W.A.S.P. à ce jour : The Crimson Idol.

Frankie Banalli avait quitté le groupe pendant les sessions d’enregistrement de l’album à cause du décès de sa mère, et c’est Stet Howland qui le remplace. Pour les solos de guitare, Blackie a fait appel à Bob Kulick (le frère de Bruce, de KISS !), et il a fait tout le reste tout seul !

L’album, un opéra-rock racontant la vie d’un personnage semi-fictif (pas mal inspiré de Blackie quand même) et ses déboires dans le milieu du show-business, est un énorme succès, aussi bien commercial que critique, et le groupe part en tournée avec Johnny Rod à la basse et Doug Blair à la guitare solo. Ils passeront par Donnington en Août 92, avec un show nettement plus soft que celui de 87 ! Il avait été question de jouer l’album dans son intégralité, avec des extraits vidéo sur scène, mais le projet ne s’est malheureusement jamais fait, de même que le film Crimson Idol où Matt Dillon été censé tenir le rôle de Jonathan...

 

La fin de W.A.S.P.

Comme on le pressentait depuis un petit moment déjà, The Crimson Idol ayant été vraiment un projet solo, Blackie annonce la fin de W.A.S.P. en 1993 avec la sortie d’un best-of intitulé First Blood… Last Cuts, et le début de sa carrière solo. Notre fan-club change alors de nom pour s’appeler « Lawless Warriors » !

Mais en 1995, retournement de situation, le nouvel album sort bien sous le nom de W.A.S.P., à cause de la « pression des fans » dixit Blackie. Still Not Black Enough, sorti sur le label Castle et non plus chez Capitol / EMI, est en fait presque un Crimson Idol II, mais bien moins bon, qui ne rencontre pas vraiment le succès, d’autant que le « groupe » (quel groupe ? il n’y a plus que Blackie!) ne peut pas faire de tournée, Blackie s’étant cassé le bras ! W.A.S.P. commence alors à descendre un peu dans les oubliettes du Metal...

 

La traversé du désert

Début 97, une excellente nouvelle est annoncée : Chris Holmes a rejoint le groupe ! Cette fois, on peut vraiment parler de groupe, W.A.S.P. va renaître !

Mais les deux compères, surfant sur la vague du metal-indus à la Marilyn Manson, nous sortent un album inattendu, qui décontenance les fans : KFD (pour Kill Fuck Die). L’album est très sombre, très agressif, contient quelques petits chefs d’œuvre (Little Death) mais ne trouve pas vraiment son public non plus…

Un nouveau venu arrive au sein du groupe : Mike Duda à la basse, et cette fois c’est vraiment d’un groupe dont il s’agit !

Une mini-tournée est organisée dans de petites salles avec un show excellent, très violent, comprenant le viol d’une nonne enceinte et l’empalement de son fœtus sur un couteau de boucher !

Après cet album, W.A.S.P. sort en 1998 Double Live Assassins, un très bon album live avec un son beaucoup plus cru que Live… In The Raw, puis Helldorado, un album très rock’n roll à la AC/DC qui décontenance une fois de plus les fans…

Une tournée Européenne est organisée, qui rencontre par contre un franc succès, la plupart des dates étant sold-out ! W.A.S.P. est-il devenu un groupe uniquement intéressant en live ? Pour terminer son contrat avec Snapper, W.A.S.P. sort ensuite un deuxième Best Of sans aucun intérêt par rapport à First Blood Last Cuts et intitulé The Best Of The Best, puis ils jouent au Key Club de Los Angeles le 22 Avril 2000 pour un concert qui sera retransmis en direct sur Internet ! Là encore, c’est un vrai succès, et le concert deviendra par la suite un CD et un DVD intitulés The Sting.

 

Le grand retour

Après cette période de montagnes russes, ou le groupe alterne succès des concerts et semi-échecs des albums, Blackie revient sur le devant de la scène en 2001 avec un nouvel album : Unholy Terror. Et cette fois c’est bien du W.A.S.P., du vrai, période Headless Children, avec des refrains accrocheurs, des riffs de guitare excellents, des paroles engagées politiquement, une production parfaite, bref c’est le vrai retour du groupe !

Ils jouent d’ailleurs dans la plupart des festivals Européen pendant l’été 2001, puis font une tournée américaine en automne, pendant laquelle Chris quitte une nouvelle fois le groupe (c’est une habitude !) pour être remplacé par Darrell Roberts…

A peine un an après Unholy Terror, en 2002, le groupe sort Dying For The World, un album dans la même veine, du vrai grand W.A.S.P. comme à la meilleure époque, qui rencontre autant de succès que son prédécesseur . Ce n’est par contre plus Stet qui assure la batterie mais Franckie Banali (décidément, c’est les chaises musicales !).

Une tournée devait être organisée pour supporter ce nouvel album, mais elle est finalement annulée car Blackie nous prépare… un nouveau concept-album, un nouvel opera-rock à la Crimson Idol, en double CD, qui devrait voir le jour courant 2004 !

W.A.S.P. est donc plus que jamais vivant, et on peut annoncer sans souci que cette W.A.S.P. Story est… à suivre !